Ronde 6: Cheparinov reprend la tête, avec Radjabov
Wednesday, 06 August 2008
Ce 6
août, 6ème ronde du Grand Prix de Sochi ne fut pas du tout une mauvaise journée.
La majorité des joueurs avaient visité un sanatorium ou s'étaient relaxé d'une manière
ou d'une autre lors de leur premier jour de repos, pour se retrouver
aujourd'hui avec de nouvelles énergies. Cheparinov bat Grischuk pour reprendre
la tête, et Radjabov réussit à s'en sortir pour gagner contre Gelfand. Navara
s'incline face à Gashimov et les trois autres parties s'achèvent en nulle.
La ronde
débuta avec la traditionnelle nulle rapide, qui opposait le premier jouer
classé Ivanchuk (à nouveau) avec
les Noirs à Jakovenko.
Dans une Sicilienne Scheveningen, Jakovenko repoussa la ligne principale 13.Qd2
en faveur de la plus subtile 13.g4, qui permit immédiatement aux Noirs
d'effectuer un fianchetto du Fou de la Dame. D'un autre côté, les Blancs eurent
l'option d'envoyer leur Dame en h5 d'un coup. La partie ne finit pas par
répondre à la question principale : qui a bénéficié de ces changements en
comparaison des parties classiques Karpov-Kasparov, Moscou 1985, ou
Anand-Ivanchuk, Morelia-Linares 2008.
Jakovenko: « Je n'étais pas sûr de quoi faire au coup 16. Je me souvenais
que Svidler avait joué là16.Qg4 mais je me souvenais aussi que les Blancs
n'avaient rien ! ». Le Russe ajouta que les Noirs auraient pu jouer à
un certain moment le coup...b5, au coup 18 ou 19. « Ensuite, je ne sais
pas quoi faire avec les Blancs ».
Je (Shipov) pense que 18.Bg1 n'appartient pas à ce type de position. A la
place, les Blancs devraient considérer soit une attaque immédiate - 18.Rf3, ou
18.Bd4!? dans le but de prévenir le réarrangement planifié des pièces Noires.
Après avoir réalisé qu'il n'y avait plus grand chose dans cette position,
Javenko alla pour la nulle avec 20.f5 et Ivanchuk employa les mesures standards
(20...exf5! and 21...Bxc3!) pour neutraliser l'activité des Blancs, et même en
tirer un léger avantage dans la finale. Maintenant, la position des Blancs
était durable, et Jakovenko réussit à annuler sans trop de difficulté.
Rien de
spécial non plus dans la partie Svidler-Wang Yue. Avec un Giuoco Piano, les
Blancs ne prirent aucun avantage, et durent aller pour 18.dxe5 et 19.Bb3. « Bien
sûr, vous n'êtes pas content lorsque vous devez jouer ceci, mais je ne voyais
aucune autre alternative - autrement les Noirs auraient été légèrement mieux,
avec cette jolie centralisation et tout » indiqua Svidler après coup.
« Son 19...Bxb3 fut une décision étrange, cependant cela me donna des
possibilités en plus, mais après, mon 23.b4 fut une erreur parce que je
n'aurais pas dû permettre d'échanger son Pion c6 contre mon Pion
« b » ». Notez que 24.Bxc5 manqua 24...Qc6 25.N1d2 Nd3 et les
Noirs sont bien. « A la fin, il semblait que les Blancs étaient légèrement
mieux mais je n'ai pas trouvé le moyen d'améliorer ma position »
(Svidler).
Svidler aurait pu jouer plus ambitieusement le 32ème coup. Je (Shipov)
suggère 32.Nc4!, libérant la case f3 pour le Pion. Les Noirs doivent jouer très
précisément pour garder la balance.
Durant la partie Wang Yue créa des tensions autour du Pion e4 (33...Bf6!), et y
lia les forces des Blancs. Et il n'y avait rien d'autre à jouer...
Dans la
partie Kamsky-Karjakin, les Blancs jouèrent un coup contre la Sicilienne
Najdorf qui fut introduit en pratique dans les tournois en1962 par Fischer -
6.h3. Karjakin réagit de la meilleure manière - 7...d5! et jusqu'à 8.Bg2 il
s'agissait du jeu de Karjakin contre Mamedyarov (Foros 2006), jusqu'à la
nouveauté de Karjakin au 9ème coup.
Les Blancs auraient pu mettre en doute cette innovation avec10.g5 Nd5 11.Nde2!?
de manière a créer une contre-attaque sur le flanc Roi sous protection de leur
fort centre. Cependant, Sergey réagit d'une manière plus simple, et dans cette
position, l'avantage optique des Blancs ne pouvait rien développer de vraiment
réel.
Kamsky pense avoir fait une erreur avec 14.Qf3. « Après Ne5-g6 les Noirs
sont bien, en particulier lorsqu'ils vont pour 16...Bd7 ». L'Américain dut
investir du temps à la pendule après le 18ème coup des Noirs, et
décida d'opter pour la ligne « sûre ». « Je regardais à 19.g5!? et
puis par exemple à 19...e5 20.Bxg6 hxg6 21.Qxe5 ».
Puis l'Américain essaya de créer du jeu sur les cases noires après l'échange insignifiant
19.Bxg6, mais trouva que les Noirs n'avaient aucune faiblesse, et commença à répéter
les coups. Il considéra aussi 23.Qb6 mais pensa que 23...Qb8 était une réponse
adéquate.
Karjakin fit preuve d'un esprit combatif avec 25...Be8! et il eut raison
d'essayer un peu plus longtemps dans la finale, qui était légèrement mieux pour
les Noirs. Mais après 33...e5 Kamsky put forcer la nulle de toute manière avec
une petite combinaison. « Je le devais parce que si les Noirs parvenaient
à Bc6 et f6, ils étaient clairement mieux » (Kamsky).
Al-Modiahki n'a pas vraiment essayé d'obtenir l'avantage dans
la Défense Berlinoise (Ruy Lopez) d'Aronian. Les joueurs commencèrent
une longue lutte positionnelle avec une structure de Pion symétrique, et l'excellente
technique d'Aronian décida de l'issue de la partie.
Dans la finale de Cavaliers les Blancs hésitèrent trop longtemps avant de créer
le contre-jeu. Après le possible 48.Nd7 ils auraient pu se transposer en une
finale de Dames complexe avec des chances de gains pour les Noirs.
Levon lui-même montra quelques variantes à l'issue de la partie. « J'ai
considéré 36...Na5, avec l'idée de 37.Kf1 Nc4 38.Bc1 Bxc3, mais les Blancs
répondirent par 37.Nb5! et sur 37...a6 ils ont 38.Bd4!. ». Ils auraient
peut-être dû prévenir l'échange des Fous avec 42.Be1 parce qu'après 42...Nc5 ils
peuvent juste aller 43.b4. Et puis, 48.h4 fut la dernière erreur selon le premier
joueur Arménien « Il aurait dû essayer 48.Nd7+ Kd4 49.Nf6 Nxa4 50.Nxh7. »
Le
handicap livré par Cheparinov dans l’ouverture fut trop difficile pour Grischuk.
Une heure en plus à l’horloge et un sérieux avantage positionnel pour le Grand-Maître Bulgare
furent bien entendu un joli point de départ dans une partie d’un tournoi
majeur ! Curieusement, ce fut le Russe qui introduisit un nouveau coup :
il compliqua le jeu avec le subtile 11...a5 (avant les Noirs préféraient 11...Nb6
et 11...Bd6), mais l'adversaire omniscient l'avait probablement étudié à la
maison, vu qu’il jouait des coups très forts et non évidents très rapidement.
Grischuk aurait probablement dû aller pour l'audacieux 14...Rxh2 (au lieu
de 14...Bb4), étant donné qu’il finit dans une position inférieure sans
contre-jeu. Cheparinov: « Après 14...Bb4 j’étais mieux et à un certain
point j’étais même gagnant, mais j’ai dû faire quelques erreurs parce que cela
devient moins clair, mais j’ai quand même finalement gagné ».
Il y a quelques fois où Cheparinov aurait pu agir plus énergiquement. Par
exemple 19.h5 au lieu de 19.Bd3 aurait été beaucoup plus dangereux pour les
Noirs. Cependant, on ne peut pas blâmer le Bulgare, comme il a finalement gagné
la partie. Notez son excellente manœuvre : 25.Bc1!, 27.Ng1!, 32.Re2, 41.Qb8!
etc. C'était certainement un jeu de grande qualité !
Après cette victoire, Ivan reprend la tête.
Non
seulement chaque ronde a son habituelle nulle rapide mais il semblerait qu'une
sorte de « drame » soit aussi courant. Cette fois Gelfand en fut la victime et Radjabov, à
nouveau, celui qui se trouva du bon côté. Boris mena brillement la partie,
obtint une position gagnante, et puis la gâcha en quelques coups.
Teimour montra une sensible nouveauté 17...h6 dans une variante bien étudiée de
l'Est-Indienne et commença à déployer une attaque de mat. Cependant, Boris,
créa non seulement le contre-jeu nécessaire mais évacua habilement son Roi de
la zone de danger : 32.Kf2! et 34.Ke1!. Le point chaud de la bataille tourna
sur le flanc Dame, où les Blancs prirent un clair avantage.
A l'issue de la partie Teimour commenta: « Il alla pour la ligne 13.Be3 et
je ne me souvenais plus exactement de mes notes, mais je savais que 13...Bh6 mènerait
à un jeu intéressant. Après 23...Bd7 les Noirs sont déjà plus confortables,
parce qu'ils ont un plan très clair avec...Kg7, ...Qh8, et plus tard amènent
l'autre Tour également dans l'attaque. 24.b5 fut inexact, il aurait
probablement dû aller pour 24.Rc1 Qf8 25.cxd6 cxd6 comme dans ma partie contre Bacrot.
Après 25...Kg7 les Noirs sont au moins mieux, je ne sais pas de combien. Mon
31...bxc6 donna des chances aux Blancs, j'aurais préféré 31...Bxc6. Puis, mon
40...Ng7, le dernier coup sous pression au temps n'était pas bon non plus car
il permet 41.Nd5!. 40...Bxc4 41.Qxc4 était
mieux, et seulement après 41...Ng7 ».
Boris joua un coup dévastateur 41.Nd5!, obtenant une position gagnante , puis
la partie entra dans un océan de tactiques. Les Blancs pouvaient réduire au
minimum le risque avec 43.Qc6!. L'idée est de répondre à presque tous les coups
Noirs avec Bc4-b5!. Après Boris manqua cette opportunité, et garder le contrôle
devint difficile...
Radjabov: « J'ai aussi vu 42...Qc8 43.dxe6 Nxe6 44.Bxe6 Qxc5+ 45.Kb2 et
les Blancs gagnent. Après 44...Kf6 il a commencé à gâcher. 45.Bb3 est certainement
le meilleur coup ».
En fait, il y a encore meilleur 45.Qc6!, e.g., 45...Nd8 46.Qa6 Ne6 (46...Nh4
47.Bd5!) 47.Bb5 Rxa7 48.Qxa7 Qxb5 49.Qe7+ Kg6 50.Qxe6+ Kg7 51.Qb3, et les
Blancs doivent gagner.
L'erreur décisive de Gelfand fut47.d7? où il a totalement manqué la réponse de
son adversaire. Cependant, il était déjà difficile de trouver un coup correct
qui puisse le sauver : 47.Rd5! Ne3 (47...Qc6 48.Qb3!) 48.Bxe3 Qc6 49.Qe4 (mais
pas 49.Qb3 fxe3! 50.Bxc6 Rxb3+ 51.axb3 e2!, et il y a promotion du Pion)
49...Rxb5+ 50.Rxb5 Qxb5+ 51.Kc2 fxe3 52.Qf5+ Kg7 53.Qxe6 Qc5+ avec perpétuel.
Radjabov montra une fois de plus une maîtrise de lui étonnante et prouva qu'il
n'est pas vaincu tant que la feuille de partie n'est pas signée.
Une bataille
très difficile dans la partie Gashimov-Navara, dans laquelle le
Grand-Maître de Bakou fit preuve de ses impressionnantes capacités de calculs et
le Grand-Maître Tchèque ne put à nouveau rien tirer de cette grande position.
Le nombre de chances manqué par Navara est tout simplement impressionnant. A en
juger les positions qu'il obtient, le Grand-Maître Tchèque devrait être l'unique
leader du tournoi, mais il gaffe régulièrement, alors que la victoire est toute
proche.
Les joueurs optèrent pour une ligne stratégique compliquée de la Ruy Lopez.
Gashimov fit état de ses intensions agressives avec 17.Nh2 (avant les Blancs
jouaient 17.b3 et17.Bd2). Il créa de sérieuse pression sur le flanc Roi, et
donna l'initiative sur le flan Dame à son adversaire.
Objectivement il faut blâmer les Blancs de tels coups agressifs comme 28.f4,
32.fxe5, 34.e5, comme ils mènent à des positions désespérées. Mais on ne peut
pas blâmer le vainqueur ! La première position critique arriva après le 39ème
coup des Blancs. Les Noirs auraient pu maintenir la tension avec 39...Qg6 or
39...h6, positions gagnantes dans les deux cas. Mais même après les échanges de
David en d2, rendant la vie des Blancs plus facile, il a toujours un meilleur
jeu. La première grosse erreur fut 40... Ra1+. Bien meilleur aurait été 40...Rxd2!
41.Nxd2 (41.Qxd2 Be4! 42.Kg2 Qb7!) 41...Qd4!,et les Blancs peuvent plus que rêver
de se sauver.
Ce que David manqua n'est pas le coup 42.e6!, mais la brillante idée qui se
cache derrière : après 42...Bh3+ 43.Kf2
Rf1+ 44.Qxf1 Bxf1 les Blancs ont le coup gagnant 45.d6!.
Les Blancs développèrent soudainement une irrésistible attaque et Vugar attaqua
avec inspiration : 55.Rf8+!, 57.Qe3!, 59.Rf8+!, il obtint un avantage matériel
et le convertit de manière confiante. Une victoire âprement menée par le
Grand-Maître Azéri.
La ronde
débuta avec la traditionnelle nulle rapide, qui opposait le premier jouer
classé Ivanchuk (à nouveau) avec
les Noirs à Jakovenko.
Rien de
spécial non plus dans la partie Svidler-Wang Yue. Avec un Giuoco Piano, les
Blancs ne prirent aucun avantage, et durent aller pour 18.dxe5 et 19.Bb3. « Bien
sûr, vous n'êtes pas content lorsque vous devez jouer ceci, mais je ne voyais
aucune autre alternative - autrement les Noirs auraient été légèrement mieux,
avec cette jolie centralisation et tout » indiqua Svidler après coup. 
Dans la
partie Kamsky-Karjakin, les Blancs jouèrent un coup contre la Sicilienne
Najdorf qui fut introduit en pratique dans les tournois en1962 par Fischer -
6.h3. Karjakin réagit de la meilleure manière - 7...d5! et jusqu'à 8.Bg2 il
s'agissait du jeu de Karjakin contre Mamedyarov (Foros 2006), jusqu'à la
nouveauté de Karjakin au 9ème coup.
Al-Modiahki n'a pas vraiment essayé d'obtenir l'avantage dans
la Défense Berlinoise (Ruy Lopez) d'Aronian. Les joueurs commencèrent
une longue lutte positionnelle avec une structure de Pion symétrique, et l'excellente
technique d'Aronian décida de l'issue de la partie.
Le
handicap livré par Cheparinov dans l’ouverture fut trop difficile pour Grischuk.
Une heure en plus à l’horloge et un sérieux avantage positionnel pour le Grand-Maître Bulgare
furent bien entendu un joli point de départ dans une partie d’un tournoi
majeur ! Curieusement, ce fut le Russe qui introduisit un nouveau coup :
il compliqua le jeu avec le subtile 11...a5 (avant les Noirs préféraient 11...Nb6
et 11...Bd6), mais l'adversaire omniscient l'avait probablement étudié à la
maison, vu qu’il jouait des coups très forts et non évidents très rapidement.
Non
seulement chaque ronde a son habituelle nulle rapide mais il semblerait qu'une
sorte de « drame » soit aussi courant. Cette fois Gelfand en fut la victime et Radjabov, à
nouveau, celui qui se trouva du bon côté. Boris mena brillement la partie,
obtint une position gagnante, et puis la gâcha en quelques coups.
Une bataille
très difficile dans la partie Gashimov-Navara, dans laquelle le
Grand-Maître de Bakou fit preuve de ses impressionnantes capacités de calculs et
le Grand-Maître Tchèque ne put à nouveau rien tirer de cette grande position.