Ronde 11: Quatre Gains, Aronian prend seul la tête
Tuesday, 12 August 2008
Nous avons assisté à une autre grande ronde à Sochi et les fans d'échecs ont pu suivre de fascinantes batailles qui menèrent à quatre parties décisives et trois parties nulles non-moins dépourvues d'intérêt. Que pourrions-nous vouloir de plus ? Aronian mène seul en tête avec 7/11, suivi de Wang Yue, Karjakin et Radjabov avec 6.5/11.
Aronian-Gelfand fut une partie choc ! Presque tout le monde s'attendait à ce qu'ils finissent calmement par une nulle rapide : cette ligne de l'Ouest-Indienne est connue pour être relativement paisible et les ordinateurs n'y voient pas de grandes difficultés pour les Noirs.
Mais soudainement le score fut de « 1-0 » suite à une terrible gaffe de Gelfand.
Boris vint avec une bonne nouveauté 20...Bf6 (regardez le numéro du coup !) Dans Ivanchuk-Leko, Moscou 2007 les Noirs continuèrent avec 20...Nc5 21.Bxg7 Nd3 22.Bxf8 Nxb2 23.Bxe7, et eurent de la peine à prouver que la Dame est une pièce de valeur (le résultat fut une nulle).
Critiquer les premiers coups des joueurs sans les analyser profondément serait juste une perte de temps. Ils paraissent raisonnables et logiques, et puis...Et puis Gelfand et ses supporters souffrirent soudain d'un terrible coup.
Le correct 25...Rfe8 semble laisser les Blancs avec aucun avantage mais selon Aronian, les Noirs n'ont pas encore atteint l'égalité : « 25...Rfe8 26.Re5! est meilleur pour les Blancs. ». Les ordinateurs trouvent facilement 26...Qb4! ce qui ne s'avère pas si facile sur l'échiquier.
Cependant, Boris continua avec l'incroyable 25...Rfd8?, et après 26.Qe5! le Cavalier Noir était condamné. Continuer en d7 est impossible à cause d'un rang arrière de mat, et Gelfand dut se résigner sur le champ.
Tiens bon, Boris! Tu as toujours tes chances...
Lorsque les deux joueurs sont fatigués, la différence de force entre eux devient alors encore plus évidente. Al-Modiahki est bien entendu un joueur très habile, mais Svidler est l'un des meilleurs joueurs au monde, et la différence de niveau entre l'habileté de ces deux joueurs se fait parfaitement ressentir.
Dans une ligne pointue de la Caro-Kann les Blancs eurent des chances d'attaque sur le flanc-Roi, et les Noirs bénéficièrent d'un avantage stratégique sur le flanc-Dame. D'une manière ou d'une autre Al-Modiahki commença à jouer sur la mauvaise aile. Après avoir fait un mauvais choix, aucune nuance tactique ne pourrait surmonter une erreur stratégique énorme.
A la place de capturer en g6, 16.Be2! était mieux. Après cela, les Blancs devaient considérer le renforcement du flanc-Dame avec 19.a3. Le transfert du Fou en d6 ne sembla pas donner d'avantage aux Blancs, et en effet Svidler n'était pas enthousiaste de : « Là, j'étais au moins à égalité ».
Le coup anti-positionnel des Blancs a2-a4 empira les choses. Svidler arriva avec un joli sacrifice de Pion : « Je n'ai pas vraiment besoin de récupérer le Pion immédiatement, parce que le Fou est un peu stupide en a3. Probablement que 25.Bb4 a5 26.a3 fut critique. Après 25...Rb3 j'étais déjà assez content. »
Après 27...Qb5 les Noirs sont nettement mieux, et quelques coups plus tard Al-Modiahki précipita la fin avec la gaffe 29.Qd4. « Je devais bien le calculer, mais parce que j'avais Rc4 et Qa4 juste à temps, il n'y a pas de forteresse pour les Blancs, et la Dame Noire entre » dit Svidler.
Sportivement, il ajouta : « Cette partie ne donne pas une indication sur sa vraie force; il commence probablement à être fatigué, comme tout le monde, et il a besoin de plus d'expérience dans des tournois tels que celui-ci. »
Ivanchuk une fois de plus joua d'une manière créative l'ouverture qui mena à une autre nulle contre Radjabov.
Dans une Est-Indienne, les Blancs optèrent pour le coup rare 5.Bf4. La structure qui en résulta semblait presque Indienne, mais avec les Pion « e » des Blancs coincé en e3. Radjabov offra un Pion avec 8...e5, mais il était visiblement empoisonné.
Ivanchuk continua de chercher des chances dans une position fermée. Il garda le Roi au centre et essaya de mettre un lien positionnel sur le flanc Roi de l'adversaire. Cependant l'agressif (mais nécessaire) 16.g4 fut intrépidement contré par 16...e4!. Les Noirs obtiennent une bonne compensation pour un Pion à cause de la forteresse en e5.
Le Roi Blanc s'échappa sur le flanc-Dame, et lorsque Teimour essaya de s'en approcher, Vassily piégea sa Dame : 33.a5! Cependant, il fut incapable de capturer la Dame piégée, et la partie finit en nulle par répétition de coups. Radjabov: « C'était une partie relativement bien équilibrée. D'accord, il avait un Pion de plus mais ne pouvait rien faire après. C'était une partie raisonnablement correcte.»
Il y a des ouvertures où même les Blancs ne peuvent pas éviter des coups pourtant bien connus sans risquer de tomber. Par exemple, la Défense Gruenfeld!
Wang Yue essaya d'exclure le risque en jouant d'une manière sûre dans l'ouverture, mais échoua. La manœuvre de la Dame Qd1-a4-c4-d3-d2 mena à un retard sérieux dans le développement des Blancs. Les Noirs l'utilisèrent par l'énergique 12...Nc5!
Kamsky captura de manière correcte le Pion a2 et obtint de meilleures chances, malgré le contre-jeu de son adversaire. Il est difficile de trouver des améliorations pour les Noirs. Peut-être 17...a5 pourrait être un peu plus rusé que le coup joué, projetant de s'attarder en b7-b5 pour deux coups. Puis les Noirs auraient une chance d'avancer leur Pions passés.
« Il aurait dû jouer 22.Rfc1 au lieu de 22.Ra1, d'où je vais probablement 22...Ne4, » dit Kamsky. « Après 23...Rfc8 les Noirs sont mieux. »
Après 23.Ne5 il devint clair que les Blancs avaient de sérieuse initiative pour un Pion. Gata, jouant pour le gain, rendit le Pion et eu la paire de Fous, mais manqua d'outrepasser les tendances de nulle de la finale.
Il semble alors que Wang Yue s'échappe. « Mon 35...h5 fut une grosse erreur. J'étais sous pression au temps comme d'habitude » dit Kamsky. A l'issue de la partie, il regardait à 35...Rc1+ 35...Bd6 and 35...Bf5 comme possible amélioration.
Navara-Grischuk fut une belle et combattive partie, dans laquelle les deux joueurs étaient au travail. Dans une Sicilienne Paulsen, les Noirs ouvrirent le flanc-Dame et créèrent une pièce de contre-jeu qui compensa leur faiblesse structurelle. Navara : « Mon adversaire m'a surpris dans l'ouverture mais j'ai pu utiliser ma préparation contre le Grand-Maître Svidler. »
Grischuk introduit une forte nouveauté 16...Qc7! (auparavant les Noirs jouaient 16...Bd8 et 16...Bd7), et puis forcèrent l'échange de Fous par le net 18...Bb5!. Navara pensa que 18. Bc4 était peut-être inexact comme après 18...Bb5 la position des Noirs « semblait plus plaisante. »
Les Noirs auraient pu jouer pour un avantage avec 21...d5!, alors qu'après 21...Rc8 les Blancs créèrent une sérieuse pression sur le Pion d6, qui forcèrent les Noirs à chercher des simplifications.
Navara montra la ligne suivante qui aurait pu apparaître dans la partie: 26... Bxc3 27. Qxc3 d5 28.exd5 exd5 29. Na5 Qxf4 30. Nxc6 Qd6 31. Rxa6 Rxa6 32. Ne7+, « une jolie ruse mais pas forcée bien entendu. »
By 27...Bxc3! 28.Qxc3 d5 Grischuk conduisit la partie dans des complications. David les gérèrent relativement bien. Des coups précis des deux joueurs (33.Rxa6!, 36...Qxd1+!) menèrent à une totale annihilation des forces et c'est la nulle.
33... Qg4 fut mentionné par Grischuk à l'issue de la partie par exemple 34. Rd4 (34. Raa1) (34. Rd6 Rab8) 34... Qxd4 (34... Qf5) 35. Bxd4 Rxa6. « J'ai aussi regardé à la folle ligne 34. Ra7 Ng4 (34...Nd5 35. Rxd5 cxb3 36. cxb3 Rc1+ 37. Bg1 or 34... Ne4 35. Bc7 Qe3 36. Qxf7+ Kxf7 37. Bb6+ Kg8 38. Bxe3 cxb3 39. cxb3 Rxb3 40. Bd4 Nf6) 35. Bc7 Qe3 36. Qxe3 Nxe3 » (Navara).
Les joueurs peuvent être fiers de cette partie.
Jakovenko-Gashimov: la fin du comte pour l'Azéri. Vugar vient de perdre sa première bataille.
Sa foi en la Benoni Moderne est vraiment remarquable, mais la jouer sans cesse au niveau le plus haut n'est pas pratique, comme elle exige une concentration extrême et beaucoup de ressources. Chaque erreur coûta cher aux Noirs plus que dans d'autres ouvertures plus populaires.
Les Noirs manquèrent d'égaliser ; le fait de développer le Fou en b7, alors que le Pion Blanc reste solidement en d5, a toujours été considéré comme mauvais pour les Noirs. Jakovenko: « 17...g5 pourrait être meilleur et 18...Re7 pourrait déjà être une erreur. »
Les Blancs placèrent leurs pièces d'une manière excellente, échangèrent correctement en c4 avec 19.Be2!, et puis le e4-e5 est extrêmement menaçant pour les Noirs.
Dans la salle de presse, le Russe indiqua « D'abord, j'ai pensé que 20.e5 Nxe5 21.Nxe5 Bxe5 22.Bxh5 était gagnant, jusqu'à ce que je voie 22...Bxc3! 23.Qxc3 gxh5. [Utilisant le tableau de démonstration:] 24.Qf6 semble relativement fort. »
Le refus de Gashimov de répéter les coups ne signifie pas qu'il ne voulait pas la nulle. Naturellement, il réalisa que les Blancs voulaient simplement gagner du temps. 26...Bd4 aurait pu faire appel à 27.e5!, donc Vugar compliqua la lutte avec 26...b5! - et réussit presque à s'échapper de ses difficultés !
Jakovenko aurait pu solidifer son avantage avec 32.Re2! au lieu de 32.Rf1, de manière à garder le contrôle sur la case e5. « Après 35...Nxe5 j'ai d'abord pensé que c'était la nulle, mais après j'ai trouvé l'idée de 36.Qe2. S'il joue 36...f6 s'ensuit 37.Qa6. »
38...Rxd5? fut l'erreur décisive des Noirs. Après 38...Qb5! il aurait été proche de la nulle, par exemple, 39.Re3 Qxd5 40.Re8+ Rxe8 41.Qxe8+ Kh7!, ou 39.b3 Qxd5 40.bxc4 Qd1+.
La finale de Pions avec un Pion passé adjacent était gagnant pour les Blancs. Le reste de la partie n'exigeait pas la fameuse habileté en finale de Jakovenko.
La partie Karjakin-Cheparinov fut immensément compliquée, et c'est le joueur qui économisa le plus d'énergie et qui fut donc capable de calculer pus précisément, qui s'avéra gagnant. Apparemment, Ivan commenca à craquer sous la pression. Il joua bien pendant la majorité de la partie mais perdit malgré tout. Il semblerait qu'il ait fait une mauvaise évaluation de la finale Cavalier contre Fou.
Ce n'est pas facile de présenter une analyse détaillée d'une partie si intense et intéressante. Nous soulignerons les quelques coups qui furent non insignifiants : 14.exf6, 25.bxa5, 33.Rf4!, 39.Bg7+. Je n'ai aucune intention de donner des millions de façons de faire une nulle pour les Noirs, comme Ivan jouait évidemment pour la victoire.
L'erreur cruciale fut commise vers la fin. Au lieu de 48...Nb4?, il aurait dû chercher la survie avec 48...Ra8 49.a7 Nb2! 50.g6 d3 51.Be3 Ke4 52.Bc1 Rxa7 53.Bxb2 d2 54.Rd6 Ra6 55.Rxd2 Rxg6+. Et après 49.Rf6+ Kxg5 50.a7! il s'avéra que les Blancs gagnèrent une Tour en amenant leur Tour en d8. Le leader d'hier est en chute..
Aronian-Gelfand fut une partie choc ! Presque tout le monde s'attendait à ce qu'ils finissent calmement par une nulle rapide : cette ligne de l'Ouest-Indienne est connue pour être relativement paisible et les ordinateurs n'y voient pas de grandes difficultés pour les Noirs.
Lorsque les deux joueurs sont fatigués, la différence de force entre eux devient alors encore plus évidente. Al-Modiahki est bien entendu un joueur très habile, mais Svidler est l'un des meilleurs joueurs au monde, et la différence de niveau entre l'habileté de ces deux joueurs se fait parfaitement ressentir.
Ivanchuk une fois de plus joua d'une manière créative l'ouverture qui mena à une autre nulle contre Radjabov.
Wang Yue essaya d'exclure le risque en jouant d'une manière sûre dans l'ouverture, mais échoua. La manœuvre de la Dame Qd1-a4-c4-d3-d2 mena à un retard sérieux dans le développement des Blancs. Les Noirs l'utilisèrent par l'énergique 12...Nc5!
Navara-Grischuk fut une belle et combattive partie, dans laquelle les deux joueurs étaient au travail. Dans une Sicilienne Paulsen, les Noirs ouvrirent le flanc-Dame et créèrent une pièce de contre-jeu qui compensa leur faiblesse structurelle. Navara : « Mon adversaire m'a surpris dans l'ouverture mais j'ai pu utiliser ma préparation contre le Grand-Maître Svidler. » 
Jakovenko-Gashimov: la fin du comte pour l'Azéri. Vugar vient de perdre sa première bataille.
La partie Karjakin-Cheparinov fut immensément compliquée, et c'est le joueur qui économisa le plus d'énergie et qui fut donc capable de calculer pus précisément, qui s'avéra gagnant. Apparemment, Ivan commenca à craquer sous la pression. Il joua bien pendant la majorité de la partie mais perdit malgré tout. Il semblerait qu'il ait fait une mauvaise évaluation de la finale Cavalier contre Fou.